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Solstice : une symbolique de la lumière :

21 décembre, jour de la Saint-Jean d’hiver : c’est le solstice d’hiver, la nuit la plus longue  de l’année qui marque  l’entrée dans l’hiver, cette période où le sol reste stérile, où les germinations se préparent lentement dans les entrailles de la terre pour éclater au printemps revenu. C’est aussi celle où le soleil est stationnaire (étymologiquement:  soleil statique), à son point le plus éloigné de la terre.

Va suivre  la remontée progressive vers la lumière, période de gestation pour la terre, jusqu’au solstice d’été fin juin, à la Saint-Jean d’été. Les deux dates se font écho : l’une et l’autre accompagnée de ses rites, à six mois d’intervalle.

Dans les campagnes d’antan, c’est une période de vacance  pendant laquelle le travail aux champs n’est pas possible : période de vacuité durant laquelle le temps semble suspendu lors de ces longues nuits hivernales où toute forme de vie semble figée, où l’on pourrait sombrer dans le désœuvrement, la déshérence, la solitude voire l’angoisse.

Symbolique sacrée du chiffre 12 :

Avec le chiffre 12, nous retrouvons une symbolique constante : ce chiffre sacré représente la totalité  l’achèvement, la stabilité, la perfection : on retrouve le 12 de 12 heures du jour, des 12 jours de la nativité, des 12 mois de l’année, des 12 dieux de l’Olympe, des 12 apôtres de Jésus ,des 12 tribus d’Israël, des 12 convives à  table, des 12 signes du zodiaque. Au-delà de 12, c’est la folie qui menace, le déséquilibre, le malheur. Mais c’est aussi le début d’un nouveau cycle.

Renouveau et prospectives :

Plus tard au Moyen-Age, d’autres traditions se sont ajoutées . Ainsi par exemple  il était coutume de deviner chaque jour le temps qu’il ferait à chacun des 12 mois de l’année. Au-delà, il s’agissait de créer l’année nouvelle encore en germe, de la construire, de décider ce qu’elle serait : c’était le moment d’en programmer, en outre, des actions politiques ou militaires.

Mais il est une jolie tradition dans la religion catholique, celle des 12 jours, période comprise entre Noël et l’Epiphanie, le 6 janvier. Ce sont 12 jours de fête qui ont été établis  au VIe siècle après J.C.  par le concile de Tours. On dit même que c’est au cours de ces 12 jours que les hommes célèbres ont réalisé leurs plus belles créations, comme si cette période permettait la résurgence des forces  vitales…

Aux origines : la remise en cause de l’ordre établi

Ces 12 jours de Noël constituent  donc une période particulière qui a son origine dans des fêtes très anciennes, comme la plupart des fêtes religieuses qui ont «récupéré » ces pratiques païennes .  En effet, dans la Rome antique, on célébrait dans la plus grande licence les Saturnales, en  l’honneur de Saturne : outre les réjouissances et ripailles, on renversait l’ordre établi.  Ainsi, les rôles étaient inversés : par exemple, les maîtres devaient  servir leurs esclaves.

C’est dans ces mêmes Saturnales que l’on retrouve l’origine des «charivaris», de la fête des fous, du  Carnaval, etc. Après ces périodes de relâchement qui donnaient lieu à toutes sortes de pratiques souvent licencieuses, l’homme était prêt à reprendre le joug du quotidien, à supporter le poids de l’existence, tel un Sisyphe que le géant Atlas aurait quelque temps soulagé en portant la Terre à sa place sur ses épaules…

Solstice et société :

Une autre de ces traditions des Saturnales était la coutume selon laquelle les enfants allaient de maison en maison afin de recevoir des « strenas » qui sont à l’origine de nos « étrennes ».

De cette tradition qui consiste à se consacrer au lien social sont  nées, dans la France du Moyen Âge, les «grandes  ébaudes »(« s’ébaudir » : s’amuser, chanter ), période de 12 jours consacrée au voisinage des gens entre eux, à travers des visites d’amis, de famille.

Résolutions et régénération :

Au temps beaucoup plus ancien des Babyloniens (VIIe siècle avant J.C.), la tradition voulait qu’à cette période l’on remboursât ses dettes, rendît les objets empruntés. Bref, il ‘agissait de remettre les compteurs « à zéro » pour la nouvelle année afin de restaurer l’ordre dans les relations humaines en responsabilisant chacun. Cette tradition de prendre les bonnes résolutions, reprise par les Romains, a perduré jusqu’à nos jours.

L’auteur Marie Rouanet, dans son ouvrage « 12 petits mois » (1998), propose un autre programme pour cette période : à chacun  de ces 12 jours, il s’agit de se défaire de quelque chose qui encombre, entrave, retient un passé caduque. Elle évoque la nécessité de se défaire du superflu, de ce qui encombre , à commencer par nos maisons, nos armoires, mais aussi nos pensées négatives voire  les prétentions de l’ego. Ainsi propose-t-elle une apologie du détachement, du dépouillement, à la manière d’un jeûne, Carême ou Ramadan,  d’où l’on sortira plus fort, plus authentique, plus profond.

Une leçon de philosophie qui vient enrichir nos traditions  de la nouvelle année, à travers  le moment des fameuses « bonnes  résolutions »… Et qui pourra se révéler précieux pour affronter une nouvelle année, 2021, dont on ne saurait dire quelles surprises elle nous réserve dans ses indéchiffrables arcanes.

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