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La gratitude, un art de vivre

La gratitude est devenue un concept récurrent chez les adeptes du développement personnel. C’est pourtant un terme  galvaudé dont il convient de fixer les limites et de redéfinir les contenus.

Dire merci

Ce terme de « merci » fait partie de l’une des plus riches familles étymologiques françaises. Il est dérivé du nom latin « mercem » qui signifie « marchandise, chose distribuable ou partageable ». Ce mot latin est à l’origine du nom de Mercure, transposition romaine d’Hermès, dieu lié au commerce, aux échanges monnayés. C’est à lui encore qu’il incombait de conduire les âmes au royaume des ombres car il est chargé de la transmission des nouvelles. C’est une tradition que l’on retrouve au XVIIIe siècle dans la littérature galante, à travers les échanges épistolaires amoureux. La même idée préside au titre de certains périodiques tels que le Mercure de France. En outre,  Mercure est reconnu pour sa rapidité et son rôle en tant que médiateur, grâce sans doute à la situation géographique de son temple à Rome. De cette racine « mercem » sont dérivés de très nombreux mots français : « marchand, des marchandises, marché, mercredi (jours de Mercure), mercerie (la boutique par excellence, originellement vouée  aux échanges) ». Il en va de même pour les termes « commerce », composé du préfixe com-, « mercantile ». En Anglais, on retrouve cette racine dans le terme « merchandising » qui désigne la promotion des ventes.

Il est tentant de rapprocher le mot du verbe latin « merere » qui signifie « gagner, mériter ». Ainsi par exemple le titre « émérite » est-il donné à celui qui a fini son temps de service et qui jouit des honneurs de son titre (é- vient de ex- qui exprime l’idée de sortir).

Il apparaît donc clairement que ce terme de « merci » est lié à une transaction, c’est-à-dire à un bénéfice reçu en échange d’autre chose. Il n’y a donc aucune notion de gratuité dans cet acte, ce qui constitue déjà une première différence avec le sens du mot « gratitude ».

Être poli, faire preuve de politesse

Apparenté à cette famille lexicale est celui de « politesse ». Ce terme est issu d’un mot grec qui signifie « cité », que l’on retrouve dans les mots français tels que « police, politesse, policé » ;ces termes renvoient à l’organisation dans la cité et aux notions qui contribuent à rendre viable la vie en société. Un peu comme de l’huile dans les rouages des relations sociales.

La gratitude

Le mot gratitude quant à lui vient du mot latin « gratia » dont on trouve la trace dans les langues romanes, par exemple en espagnol avec « gracias ». Lorsqu’on éduque un enfant, il est important de lui apprendre le respect des règles sociales, notamment l’importance de dire « merci, s’il vous plaît ». La politesse semble être une des clés des relations sociales, même si la difficulté à dire merci exprimerait l’aveu d’une méfiance ou un signe de faiblesse.

« Le plus grand bien est de donner aux autres. La plus grande perte est de recevoir sans gratitude. » Bouddha

Gratitude et qualité de vie

Cependant, au-delà de ce simple concept de remerciement, on trouve tout un système de philosophie pratique.

Il s’agit de se montrer reconnaissant et de l’exprimer régulièrement, verbalement ou intérieurement : goûter un rayon de soleil, la grâce d’une fleur, la beauté de l’instant, dire à quelqu’un combien sa présence vous est précieuse, combien on l’apprécie, être reconnaissant pour une famille qui vous aime, des amis présents ou un petit geste d’amitié,  le cœur qui bat, le rayon de soleil, … C’est une façon d’augmenter sa capacité à être joyeux , plus aimant, plus joyeux, plus enclin au pardon et à l’humilité.

Gratitude et pensée positive

La société de consommation dans laquelle nous vivons nous pousse à rechercher ce que nous n’avons pas et à souhaiter nous le procurer, trouvant injuste ce manque vécu comme  une frustration. C’est pourquoi l’une des premières pratiques de la gratitude est de se focaliser sur ce qui est positif, ici et maintenant. La principale  « mission » du cerveau est de détecter toute source de danger, c’est-à-dire de veiller à notre sécurité, ce qui est souvent à l’origine de bien du stress chez beaucoup de personnes. Cultiver l’optimisme, pratiquer la gratitude, constituent quelques  moyens d’aller à l’encontre de ce mode de pensée habituel du cerveau.

« Je choisis de prendre mon bien-être en main au lieu de prendre mon mal en patience », Rebecca Shankland, « La pensée positive ».

Les bienfaits émotionnels

De nombreux neurologues ont mis en évidence tous les bénéfices qu’il y a à pratiquer la gratitude. Ils sont nombreux, durables et prouvés.

La joie, la tristesse, la peur, la colère, sont les quatre émotions de base. Elles sont générées par nos pensées et ont un impact sur notre corps. Ainsi,  la peur suscite-t-elle les hormones du stress (l’adrénaline ou le cortisol) ; quant à la joie ou à la gratitude, elles provoquent des sécrétions hormonales telles que la dopamine ou la sérotonine qui amènent à la relaxation des muscles du corps et du visage, ce qui se traduit par un sourire,  une meilleure connexion avec autrui et l’environnement en général. Elle développe donc l’empathie. C’est la raison pour laquelle la gratitude peut contribuer à élever l’esprit , à apporter un regain d’énergie, à augmenter notre équilibre émotionnel.

Agissant au niveau de notre corps, de notre psychisme, au niveau relationnel et spirituel, elle constituerait l’une des plus bienfaisantes des  habitudes intérieures, un véritable art de vivre.

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