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Commençons par imaginer ce scénario, quotidien depuis le début du confinement, en mars dernier.

19h59 : fin des derniers applaudissements enthousiastes à l’adresse des soignants, nos héros de la pandémie actuelle.

20 heures : c’est l’heure du J.T. La France ouvre grand ses yeux et ses oreilles pour absorber les dernières nouvelles concernant le Covid-19, ses dernières victimes et ses conséquences désastreuses. D’abord, une musique qui fait peur, des gros titres qui impactent nos émotions, un rien de voyeurisme, la règle du mort kilométrique. Ou bien, à d’autres moments, la situation alarmante du réchauffement climatique, les pics de pollution, un afflux toujours plus grand de réfugiés aux frontières du pays… Bref, rien de vraiment nouveau. Une fois de plus, nous ne pouvons que constater notre impuissance à agir. Et surtout, nous pouvons prendre conscience de tout le pouvoir des médias. Entre les amis, les voisins, les journalistes, les blogueurs et autres Youtubeurs, les newsletter… les rumeurs vont bon train et nous sommes frappés d’une obésité médiatique due à cette pollution informative, voire d’une sorte d’hypocondrie médiatique.

Le précurseur de la diète de l’information : Socrate

Dans la Grèce antique, il y a 2300 ans, Socrate a formulé les trois filtres de l’information, lors d’un dialogue avec quelqu’un qui lui demandait : « Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur ton ami ? » À l’issue de l’entretien, Socrate a résumé la règle d’or pour vérifier la nécessité d’une information : Est-ce que c’est vrai ? Est-il bon de le savoir (quelle est l’intention de l’information, est-elle positive ou négative) ? Cela est-il ou peut-il être utile de le savoir ?

Les enjeux de l’information

Rappelons la pensée de Peter Drucker : « Le plus important dans la communication, c’est d’ entendre ce qui n’est pas dit. »

En effet, choisir de communiquer une information à propos de quelque chose permet souvent d’en masquer une autre. Il est donc utile de se demander ce qui pourrait être abordé ou bien ce qui devrait l’être, pourquoi se focaliser sur telle information plutôt que sur telle autre?

Les conséquences d’une information mal « menée » peuvent être considérables. Ainsi, il y a quelques jours, Édouard Philippe, premier ministre, a annoncé qu’il existait « un risque sérieux d’une seconde vague potentiellement plus meurtrière que la première ». Au même moment, le professeur Didier Raoult, spécialiste en épidémie, affirmait le contraire : « la deuxième vague, c’est de la science-fiction». La philosophe Hannah Arendt, rescapée du nazisme et spécialiste des systèmes totalitaires, affirme que lorsque nous sommes ballottés par des informations contradictoires sans aucun moyen de vérifier, c’est le signe que nous sommes en danger. C’est ce qui se passa pendant la deuxième guerre mondiale en France, en Allemagne, en URSS : la propagande gouvernementale consistait tout simplement à mentir aux citoyens afin de les perdre et de les manipuler…

Informer est donc une manière d’exercer le pouvoir.

Qu’est-ce que faire la diète de l’information ?

Souvenez-vous, en octobre 2011, François Hollande annonça qu’il avait besoin de prendre du recul : il allait faire une « diète médiatique ». Il s’agit donc de s’abstenir de façon totale ou partielle de recevoir des informations par les médias : presse écrite, radio, télévision, Internet, alertes automatiques, etc. Il n’est bien sûr pas question de se couper totalement des informations mais de les sélectionner, d’être actif dans le choix des sources et des informations que l’on souhaite consulter, en évitant le sensationnalisme des images-chocs.

Pourquoi faire la diète de l’information ?

Cette décision relève du choix personnel d’une philosophie de la vie qui résulte d’une prise de conscience d’être chaque jour noyé dans le flot d’informations, souvent redondantes, chronophages, tristes, dramatiques ou catastrophiques, sur lesquelles nous n’avons aucun moyen d’action. Et surtout, elles sont très stressantes et anxiogènes. Et ce dernier aspect n’est pas le moindre. En effet, notre cerveau, programmé pour notre survie, est particulièrement réceptif aux informations négatives afin de pouvoir déclencher le signal « danger ». C’est pourquoi les médias raffolent de tout ce qui instille une idée de menace afin de faire naître de la peur, de la méfiance : la crise, les épidémies, la violence à l’école, les violences conjugales, les scandales alimentaires, la délinquance dans les cités, le chômage,… Toutes ces informations sont mises en scène avec des images sombres, des commentaires angoissants, des témoignages de victimes. Tout un dispositif qui génère stress, anxiété, sentiment d’insécurité…

Les bénéfices de la diète de l’information

Le premier des bénéfices de la diète de l’information : le temps. Les informations étant redondantes, cette diète permettrait de dégager 7 à 10h de temps libre par semaine. Que de temps gagné pour s’occuper de l’essentiel ! Regarder grandir son enfant par exemple, améliorer des aspects de sa vie professionnelle, mener à bien des projets qui tiennent à cœur, développer ou exercer sa créativité.

C’est également avoir un état d’esprit plus positif. En retirant toute la négativité véhiculée par les médias, c’est toute une amélioration du moral et une forme d’optimisme retrouvés. Peut-être même un moyen de se sentir plus léger, plus heureux peut-être.

Autre bénéfice corrélé, la diminution du stress bien sûr ! Le stress qui génère tant de dommages, sur le plan psychique et corporel.

C’est enfin cesser d’être passif, de subir, c’est reprendre le contrôle des informations, développer son esprit d’initiative, assumer la responsabilité de ses choix, de ses décisions, tout simplement raisonner. Être un citoyen responsable, adulte qui ne se laisse pas mener par le bout du nez.

Un être humain et finalement libre !

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