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« Il était une fois »… Sésame pour ouvrir grand les portes d’un espace imaginaire qui nous relie aux origines même du monde, dont la source remontrerait au néolithique. Ainsi qu’il en va de la plupart des contes, plusieurs niveaux de lecture sont possibles.

L’histoire des trois petits cochons

Trois petits cochons veulent vivre leur vie et quittent le foyer familial pour tenter leur chance dans le monde. Le premier construit une maison de paille, rapidement réalisée mais fragile donc vouée à l’éphémère. Le deuxième bâtit une maison faite de fagots de bois, plus solide. Quant au troisième, il édifie une maison de briques et de ciment. Le loup parvient facilement à détruire les deux premières maisons en soufflant dessus. Mais il lui est impossible de venir à bout de celle du troisième petit cochon. Selon l’une des variantes, les deux premiers cochons courent se réfugier chez le troisième. Le loup n’a d’autre solution que de s’introduire par la cheminée… en bas de laquelle l’attend une grosse marmite posée sur le feu.

Une leçon pour les enfants

C’est un conte qui enchante les enfants avec sa structure simple et répétitive, également parce que, bien sûr, le méchant est puni. Le charme provient aussi de l’allusion à l’autonomie représentée par le désir des petits cochons d’avoir un « chez eux » : devenir grand, explorer le monde. En outre, et il en est ainsi comme dans de très nombreux récits qu’ils soient bibliques, mythologiques ou folkloriques, c’est souvent le plus faible qui gagne grâce à son intelligence. C’est une leçon de morale intemporelle et universelle.

L’humain contre le sauvage

Le conte trouve ses origines à la Préhistoire, époque où l’homme fait cuire ses aliments par opposition aux animaux sauvages, amateurs de chair animale crue . Ainsi n’est-il pas anodin que le loup finisse au fond d’une marmite bouillante, dans laquelle il risque d’être bien cuit… Il y a là un renversement de situation propre à célébrer la victoire de la maison, de la chaleur du foyer, le monde des humains, sur le monde animal sauvage et froid.

Ainsi, le loup, animal encore redouté de nos jours, incarne ce qui fait peur aux enfants. Dans l’histoire des Trois petits cochons, des solutions sont mises en œuvre pour s’en protéger : la solidarité, lorsque les deux premiers cochons se réfugient chez le troisième ; l’anticipation du troisième cochon qui a construit une maison solide le travail bien fait est réalisé avec courage, ce qui permet de se protéger des dangers.

Ce que dit le psychanalyste

Bruno Bettelheim, dans son célèbre ouvrage Psychanalyse des contes de fées, propose une autre lecture. Cette histoire, entre autres, met en concurrence le principe de plaisir (des maisons construites à la va-vite, un travail bâclé donc, pour se consacrer plus rapidement au plaisir) et le principe de réalité (il ne faut pas être paresseux ni céder aux solutions de facilité).

Une leçon de développement personnel

Une autre lecture peut être faite à partir d’une identification différente : les étapes du développement humain. Le premier niveau, représenté par la maison de paille, serait une métaphore des aspirations, des rêves, ou d’un savoir sûrement abstrait, déconnecté de la réalité. La construction intellectuelle qui en procède ne vaut donc pas grand-chose lors de la confrontation au réel. C’est donc tout l’univers intérieur qui est dès lors menacé et remis en question.

La deuxième maison, construite en bois, représenterait ce qui repose sur des croyances, du cœur, du ressenti. Il s’agit là d’un matériau certes plus solide. Malheureusement, l’adversité finit par en venir à bout.

Enfin, la troisième maison est celle de celui qui bâtit son existence sur du solide : son vécu, ses expériences, un savoir qu’il a personnellement vérifié et validé. Car la connaissance, c’est un savoir incarné. La mise à l’épreuve du réel confère une force que n’ont ni les rêves, ni les croyances, ni les savoirs abstraits.

En outre, dans la maison du troisième petit cochon, on peut noter une cheminée dans laquelle brûle un feu : ce dernier représente l’énergie spirituelle, véritable et unique ressource infaillible, celle-là même qui vient à bout du grand méchant loup et, au-delà, de toute forme d’adversité.

Une leçon de congruence

Carl Rogers (psychologue humaniste nord-américain du XXe siècle) est à l’origine du concept de congruence qui nous ramène à celle d’authenticité : est congruent celui qui est « aligné » entre ce qu’il est, ce qu’il fait, ce qu’il dit. Cet alignement, ainsi que je l’ai évoqué dans un article précédent, a un énorme impact sur notre assertivité : 7 % de la communication seulement passe par les mots, 93 % passe par la voix (38%), les gestes et le visage (55%).

Ce concept a été résumé par Albert Mehrabian : les 3V. Le Visuel, le Verbal, le Vocal doivent être alignés.

C’est à ces conditions et uniquement celles-ci que l’on sera convaincant. Il s’agit de l’une des clés d’une communication réussie.

Ainsi les contes de fées font-ils rêver les enfants et les adultes auxquels ils constituent, de surcroît, une source de réflexion et d’enrichissement personnel de leur propre développement.

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