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« L’homme qui ne sait pas sourire ne devrait pas tenir boutique» :  voici un proverbe chinois  qui illustre l’importance de la communication autre que verbale.

Depuis les travaux de Albert Mehrabian dans les années 70, nous connaissons la règle du 7, 38, 55. Même si des études récentes ont légèrement remis en question ces proportions, le fait demeure avéré.

La communication non verbale : 7/ 38 /55

Lors de la transmission d’un message, les mots employés ne représentent  que 7 % dans la réception dudit message. 38 % est représenté par l’intonation et 55 % le langage corporel. Cette règle du 7/ 38 /55 est également appelée la règle des 3V : V pour la communication Verbale (la signification des mots); V pour la communication Vocale (toutes les composantes de la voix : l’intonation, les silences et le débit verbal, le niveau de langue et le type de langage, etc.,  tout ce qui relève du para verbal) ; V pour  la communication Visuelle (les expressions du visage et  le langage corporel).

 Il est donc évident que les mots choisis ne représentent  qu’une infime partie de ce que l’on dégage. C’est une règle essentielle à connaître pour celui qui fait profession de s’adresser aux autres et dont la parole est le premier outil de travail : les enseignants, les commerciaux, les hommes politiques, etc. Pour s’exprimer de façon efficace, ces trois niveaux de communication doivent être cohérents : on parle alors de «congruence ». Dans le cas contraire, l’interlocuteur peut être troublé par deux messages se contredisant. Ainsi par exemple celui  qui déclare « Je t’apprécie beaucoup », alors que son regard est fuyant, n’est pas crédible. Il en va de même pour un enseignant qui tente d’imposer son autorité alors que tout son comportement verbal est dans l’évitement voire l’appréhension : une voix mal assurée, des gestes hésitants, une posture corporelle de soumission.

« La chose la plus importante en communication, c’est d’entendre ce qui n’a pas été dit », affirme Peter Drucker.

 Cependant, le message peut être faussé par certains facteurs : chez celui qui reçoit ou qui délivre le message, un niveau de stress peut induire une interprétation erronée ou envoyer des signaux non verbaux négatifs. De même, si nous sommes distraits par nos soucis, notre environnement, notre santé, notre bien-être ou notre téléphone portable, nos signaux non verbaux vont exprimer notre désintéressement, un  jugement, de la désapprobation, de l’ indifférence, etc. 

… alors même que la réalité est tout autre !

Une grille d’observation de la communication non verbale :

la synergologie

Une discipline du champ de la communication, la synergologie, propose une autre approche de l’étude du non verbal. Son objet est d’appréhender le fonctionnement de l’esprit humain à partir du langage corporel et de la communication non verbale :  le cerveau et le corps forment une entité unique. Décoder le corps,  c’est observer l’esprit en mouvement pour accéder à  une mine d’informations fabuleuses pour qui sait les lire. C’est ce que d’autres appellent parfois  l’intuition.

La synergologie identifie cinq dimensions.

La  dimension préverbale :

Le préverbal se situe avant  toute parole voire  toute pensée. C’est le stade du réflexe. On agit avant de penser. Cela peut concerner le placement d’une chaise, le cadran du regard,  la gestuelle,  l’axe de la tête, etc. . Ainsi par exemple en position assise, dans une situation anxiogène, les jambes d’un individu seront plutôt orientées vers la porte. Les professionnels qui  travaillent dans la sécurité ou qui sont en interaction ont  besoin d’avoir une grille de lecture pour décoder ce qui est en train de se passer chez l’autre donc d’anticiper, avant même qu’un mot soit prononcé ou pas. 

La dimension para-verbale :

La voix joue un rôle prépondérant dans la communication : son timbre, son rythme, les silences également parlent de nos émotions. D’ailleurs, les spécialistes en communication choisissent avec soin les moments de silence, la tonalité à employer. C’est pourquoi les linguistes, à partir du travail sur la prosodie, se sont emparés de cette dimension, qui fait partie pleinement de leur champ  de compétences. Il en va de même bien évidemment pour les artistes « passeurs de mots ».

La dimension péri-verbale :

 Il s’agit de la proxémie, c’est-à-dire de la distance que l’on met entre soi et les autres. Elle doit être interprétée en fonction du milieu culturel des interlocuteurs. Par exemple, au Japon et en Suisse, la distance entre deux personnes qui communiquent est plus grande que dans les pays de tradition latine.

La dimension supra-verbale :

« supra » signifie « au-dessus ». Elle  comprend les signes distinctifs qui relèvent de choix conscients faits par l’individu et qui traduisent des rapports ou des statuts sociaux. Notre tenue vestimentaire, les marques de vêtements que nous choisissons, nos accessoires,  notre coiffure, notre façon de nous maquiller, les bijoux que nous portons, les couleurs que nous arborons,  notre apparence physique en général, autant d’éléments qui contribuent à donner de nous une image qui sera interprétée par nos interlocuteurs. Ces derniers ne l’analyseront pas tous de la même façon. Bien sûr, des éléments culturels entrent en compte. En effet, les critères de beauté, les standards de la mode diffèrent d’un pays à un autre, d’une culture à une autre. Une couleur peut avoir une connotation positive dans un milieu donné et être perçue négativement dans un autre. C’est pourquoi cette dimension  intéresse la sociologie, la psychologie et, de manière générale, toutes les sciences sociales ou humaines.

Et quand bien même on choisit de ne pas choisir, on est déjà en train de communiquer !

La dimension infra-verbale :

« infra » signifie « en-dessous » ; c’est le contraire de « supra ». Inconsciemment, nous recevons et assimilons de nombreuses informations de la part des personnes que nous côtoyons. Dès que nous parlons d’effet subliminal ou que nous évoquons les « effets d’exposition » ou « effets d’amorçage », nous évoquons en fait l’infra-verbal.  Il peut s’agir des odeurs corporelles,  des couleurs.  Ainsi, une femme qui porte une robe rouge paraît plus glamour : le message du rouge n’est pas le même que le noir. De même, choisir de porter un vêtement rouge demande un bon niveau d’énergie car il faut « assumer » l’énergie dégagée par cette couleur. Il est démontré aujourd’hui, grâce aux études récentes procédant par IRM, que la réalité subliminale modifie les comportements : ce qui est perçu comme subliminal, c’est-à-dire non décodable consciemment, laisse  des traces cérébrales dans le cerveau, capable de décoder des images qui durent moins de 1/50 000 de seconde. Ce terrain est de plus en plus défriché par les scientifiques, les professionnels du marketing ou de l’image en général.

Les enjeux de la communication non-verbale :

On le voit, au-delà de l’énorme impact de notre communication non-verbale dans les relations interpersonnelles, soit environ 93%,  les enjeux sont énormes : ils vont  du domaine de  la consommation donc de l’économie, jusqu’au domaine de la politique. Finalement, elle constitue l’un des fondements de notre société, sinon le principal…

Une dimension essentielle donc dans notre société où l’image occupe une place si prépondérante !

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