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Un jour que je travaillais  sur ma tablette tactile, mon chat, confortablement installé sur mes genoux, se mit lui aussi à faire bouger l’écran avec sa patte, imitant ce que j’étais en train de faire. À ce moment-là, m’étais-je dit alors, c’étaient ses neurones miroirs qui s’activaient…

Communication silencieuse : les neurones miroirs

En effet, au début des années 1990, les scientifiques ont repéré un comportement analogue du singe puis ont identifié des neurones du cortex frontal -zone motrice du cerveau– qui entrent en action quand le singe exécute un geste avec la main ou la bouche. Or, ce qu’ils  découvrirent, c’est que ce même groupe de neurones s’active lorsque le singe n’est que spectateur d’un autre singe en train d’exécuter la même action. D’où le nom de « neurones miroirs » qu’on leur a donné. Les exemples sont multipliables à l’infini. A l’école, lorsqu’un enfant croque dans un citron, ceux qui le regardent font la grimace, comme si eux-mêmes croquaient dans le fruit amer. De même, nous avons tous observé un jour que celui qui baille fait bailler ceux qui sont près de lui… il ne s’agit pas d’un simple effet d’imitation. Ce sont bien les neurones miroirs qui, entre autres, rendent les émotions contagieuses.

Un rôle essentiel dans la communication

Notre cerveau compte environ 100 milliards de neurones, parmi lesquels ceux qui ordonnent les gestes au corps. À chaque geste correspond un ensemble de neurones spécialisés, les neurones miroirs, qui se développent tout au long de la vie. si l’on voit quelqu’un faire quelque chose, les mêmes neurones s’activent dans notre propre cerveau sans que l’on effectue cette même action. C’est cette sorte de patrimoine moteur qui permettrait à l’être humain de comprendre les gestes effectués par autrui et d’apporter des connaissances sur le milieu qui nous entoure.

C’est pourquoi, dès lors où les besoins primaires de l’individu sont couverts, le rôle de ces neurones est essentiel, particulièrement dans la communication silencieuse.

Communication et émotions

En premier lieu, ils nous permettent de détecter et d’analyser des informations et de déchiffrer les émotions 5 à 10 fois plus vite que le cerveau dit cognitif -on pourrait presque parler d’une sorte de sixième sens. Ils nous alertent lorsqu’un comportement ou une situation présente une anomalie voire un danger menaçant notre sécurité. Ainsi, lorsqu’une personne lève le poing en affichant une moue de colère, nous sentons immédiatement qu’il faut se méfier ou se mettre à l’abri. À ce moment-là, c’est notre cerveau limbique qui nous commande la fuite ou l’attaque.

Communication et entraînement mental

En outre, ils ont un rôle fondamental dans toutes les formes d’apprentissage. Ainsi, puisqu’ils servent à l’apprentissage par imitation, ils peuvent intervenir dans la préparation physique ou artistique : il s’agit d’un mode d’entraînement mental connu aussi sous le terme de visualisation. Par exemple, un champion de ski de tremplin  ou de descente peut visualiser les courbes et bosses de son parcours afin de donner à ses mouvements assurance et fluidité lorsque sera venu le moment de l’action. Ou bien, lorsqu’on doit se présenter devant un jury ou un public, la visualisation peut être une méthode particulièrement utile pour surmonter ses difficultés et réussir sa prestation.

Communication et apprentissage du langage

Par ailleurs, ils interviennent dans l’apprentissage du langage chez le jeune enfant chez l’enfant puisque la parole est tout d’abord une activité motrice. Quand un enfant forme ses premiers mots, il est attentif au mouvement de la bouche de l’adulte qui prononce plutôt qu’au seul aspect phonique des sons. Les enfants apprennent, comprennent et apprivoisent peu à peu le monde qu’ils observent. De là sans doute provient le petit talent des enfants à faire des imitations réussies et amusantes.

En outre, l’imagerie médicale a montré que, lorsqu’on regarde un film avec des visages effrayants, tristes ou heureux, on éprouve, à un moindre degré certes, ces mêmes sentiments avec lesquels on entre alors en résonance. Les images, film ou photos se répercutent sur notre cerveau puisque ces neurones permettent le déchiffrage des émotions. On comprend donc à quel point les enfants subissent avec un énorme impact les émotions véhiculées par les images par lesquelles ils sont littéralement envahis, alors qu’ils n’ont pas encore les moyens ni de les analyser ni de prendre du recul. On peut imaginer ce qui peut se produire dans le cas d’images violentes…

Communication et empathie

Ajoutons que ces neurones miroirs, étant à la base de l’empathie, jouent un rôle notoirement important dans les relations humaines -notamment féminines puisque le niveau d’empathie serait sensible au niveau de testostérone, moindre chez les femmes… Ce sont de véritables « facilitateurs » de liens sociaux dont le rôle remonte à l’époque préhistorique…

Communication et « neuro management »

Ils sont à la base de la relation de confiance, essentielle dans le milieu de l’entreprise. De plus, 90 % des informations sur l’état émotionnel passant par les yeux et la bouche, les expressions du visage et les micros expressions nous renseignent consciemment ou pas sur la sincérité d’autrui, son engagement, sa complicité, sa véritable compréhension d’une situation, etc. L’ambiance de travail et la qualité du relationnel impactent très fortement la motivation des salariés qui l’associent directement et à juste titre à leur notion de bien-être en entreprise. Au contraire, une ambiance de travail qui génère du stress va contribuer à réduire l’activité de notre système cognitif. Ainsi s’est développée la notion de neuro-management. Elle est la clé de l’implication des collaborateurs, le ciment des relations professionnelles, le terreau dans lequel peuvent naître l’innovation, le progrès, la créativité. Dans un tel milieu, chacun sera à même de s’approprier un rôle reconnu par tous et de s’y investir pleinement.

Finalement, grâce aux scientifiques, nous connaissons les neurones miroirs. Les enjeux de cette communication silencieuse sont multiples : l’apprentissage de la parole, le décodage et la compréhension de l’environnement, l’empathie et la qualité des relations humaines, dans la vie de tous les jours et également dans le cadre professionnel via un management « équitable ».

Donc des enjeux essentiels…

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