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Ce qui marque l’entrée de l’humanité dans l’Histoire, mettant ainsi fin à la Préhistoire, c’est lorsque la parole est écrite. 

Le premier signe fort de l’humanité : l’apparition de l’écriture

À l’origine de l’écriture fut inventé un système pour comptabiliser des biens dans les échanges commerciaux.

La Mésopotamie, berceau de l’humanité

La Mésopotamie, terme qui signifie en grec « pays entre deux fleuves » car situé entre le Tigre et l’ Euphrate,  correspond approximativement à l’Iran et l’Irak ; elle a vu l’épanouissement d’une civilisation bien antérieure à la civilisation égyptienne : la civilisation sumérienne qui, a été plus tard envahie par des barbares, les Akkas.

Le livre le plus vieux du monde : l’épopée de Gilgamesh

Il rapporte l’épopée de Gilgamesh, un très grand monarque qui fut divinisé.

Il a été retrouvé dans une grotte puis traduit au 19e siècle.

Cette épopée, gravée dans des tablettes d’argile et écrite en langue akkadienne, est inspirée de récits sumériens beaucoup plus anciens. Il s’agit d’une immense œuvre poétique composée  vers la fin du 3e millénaire avant Jésus-Christ en écriture cunéiforme. Le cunéiforme, apparu en Mésopotamie, a ainsi été baptisé parce qu’il est constitué de signes en forme de tête de clous, tracés à l’aide d’un « calame », roseau taillé en pointe : il s’agit de pictogrammes, c’est-à-dire d’images. Cet alphabet disparut plus tard.

La matrice de tous les alphabets, l’alphabet phénicien

À l’origine de notre alphabet latin, l’alphabet phénicien, considéré comme le premier système alphabétique au monde, développé il y a 5000 ans. Les Phéniciens occupaient un territoire constitué de cités-états maritimes qui correspondent à peu près à l’actuel Liban, au cœur d’un vaste réseau commercial. De ce fait,  marchands et commerçants phéniciens diffusèrent leur alphabet à travers toute la Méditerranée, mis au point dès le 16e siècle avant Jésus-Christ. Ce système d’écriture, basé sur 22 consonnes, permettait de rédiger des contrats, des factures ; en outre il servit à établir le cadre de l’administration car l’écriture, de même que la langue, est un vecteur d’unification politique du territoire. Cet alphabet ne notait que les consonnes. Il fonctionnait sur le principe de l’acrophonie, c’est-à-dire de la représentation simplifiée d’un objet dont le nom commençait par ce son. Ainsi, la tête du taureau vue à l’envers avec ses cornes est à l’origine la lettre A majuscule car le mot taureau commence par ce son. La lettre B, c’est une maison du Moyen-Orient à toit plat (« beit » en phénicien). Quant à la lettre C, elle représente le cou du chameau ;  la lettre D, c’est la porte. Par la suite, tous ces signes ont cessé de représenter des choses et n’ont plus été perçus que comme l’expression de sons. 

L’alphabet grec

Plus tard, les Grecs ont adopté cet alphabet dont ils ont conservé l’ordre dans lequel sont rangées les lettres et le nom de ces lettres. Ils ont toutefois apporté des modifications : ils ont introduit les voyelles, ces « lumières » de l’alphabet. Ainsi naquirent l’alpha /A/, l’epsilon /E/, l’omicron/0/ et l’upsilon /Y/. Pour ce qui est de la sonorité /i/, ils inventèrent de toutes pièces une lettre, l’iota. Au début, les mots étaient écrits sans séparation. Les accents n’apparurent que progressivement. Quant au sens de lecture, horizontal, il progressait alternativement dans un sens puis dans le sens opposé, à la manière des sillons dans le labour, dont les lignes vont sans interruption de gauche à droite puis de droite à gauche, revenant ainsi sur leurs pas. C’est le principe du « boustrophédon » (du Grec bous « bœuf » et strophein , »tourner »), le texte se déroulant ainsi comme un serpent. 

Plus tard, l’alphabet linéaire poursuivit son évolution : la graphie des lettres se stabilisait de même que le sens de lecture qui se faisait désormais uniquement de droite à gauche. C’est plus tard que l’on écrivit de gauche à droite, système plus pratique à cause de l’emploi de l’encre.

L’alphabet latin

L’ alphabet latin est aujourd’hui majoritairement utilisé en Occident.

Au 7e siècle avant Jésus-Christ, les Latins, installés dans le Latium (région de Rome), adoptèrent les écritures des Étrusques (installés en Toscane) qu’ils fusionnèrent avec l’alphabet grec. Ainsi naquit l’alphabet latin, utilisé dans les pays occidentaux.

Les premiers textes rédigés en alphabet latin datent du 4e siècle avant Jésus-Christ. Cet alphabet n’était alors composé que de 19 lettres. C’est grâce aux conquêtes de l’Empire romain que sont apparues d’autres lettres. 

Au Moyen-Âge, les accents sur les voyelles n’existaient pas, ni la cédille, ni l’apostrophe, ni les lettres /j/ et /u/ (lettres dites ramistes car inventées par l’imprimeur la Ramée). En effet, les Romains ne faisaient pas la distinction graphique entre le son /ü/et le son /v/, ni entre le son /i/ et le son/j/.Le « ç » a été emprunté aux Espagnols au 16e siècle ; à la même époque ont été adoptés l’accent grave et l’accent aigu.

Au siècle des Lumières

L’alphabet grec n’a pas disparu. Il reste comme référent universel, dans le domaine des sciences notamment, grâce aux apports majeurs des Grecs aux mathématiques : Thalès, Pythagore, Archimède. Au XVIIIe siècle, les scientifiques puisent dans le Grec pour établir des conventions. Par exemple Pi (π) est utilisé pour mettre en rapport la circonférence d’un cercle avec son diamètre ; il est l’abréviation de périphéria (circonférence en latin)

Les variants dans la pandémie

Et de nos jours, à une époque très récente, cet alphabet vieux de 28 siècles est utilisé par l’O.M.S. depuis janvier 2021 pour désigner les variants du COVID-19 : alpha, bêta, delta et omicron… au moins jusqu’à ce jour. Omega, dernière lettre de l’alphabet, est encore très loin…

L’alpha et l’oméga

« Je suis l’alpha et l’oméga, dit Dieu, celui qui est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant, le commencement et la fin» (Apocalypse 1: 8,11). Cette phrase de l’Ancien Testament exprime l’idée d’une totalité. Aujourd’hui , la dimension religieuse est moins perceptible mais la formule reste un symbole d’éternité. Elle témoigne, s’il en était besoin, de l’omniprésence et de la pérennité de la culture gréco-romaine au cœur même de notre XXIe siècle.

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